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Sauvegarde immuable : définition, fonctionnement et mise en place

Rédigé par LockSelf | 22 octobre 2025

 

Les pertes de données, les erreurs humaines ou les sinistres informatiques mettent chaque jour en péril la continuité des activités. Face à ce risque permanent, la sauvegarde immuable s’impose comme une réponse technique et stratégique : il s’agit de copies de données verrouillées, impossibles à modifier ou à supprimer, même par un administrateur. Cette approche garantit la restauration fiable des informations critiques après un incident, tout en facilitant la conformité aux exigences réglementaires. Découvrez comment fonctionne une sauvegarde immuable, ses avantages concrets pour votre résilience et nos conseils pour la déployer efficacement au sein de votre stratégie de protection des données.

 

Qu'est-ce qu'une sauvegarde immuable ?

 

Sauvegarde immuable : définition et contexte d'utilisation

 

Une sauvegarde immuable est une copie de données verrouillée en écriture : une fois enregistrée, elle ne peut plus être modifiée ni supprimée pendant une période définie. Même un utilisateur doté de privilèges élevés ou un logiciel malveillant ne peut l’altérer.

 

L’ANSSI recommande ce type de dispositif pour renforcer la résilience face aux incidents cyber et garantir la conservation intègre des informations sensibles, notamment dans les secteurs réglementés comme la santé, la finance ou les administrations publiques1.

Les sauvegardes immuables répondent également à des obligations de conservation légale (archivage comptable, dossiers médicaux, logs de sécurité). Elles jouent un rôle central dans les plans de continuité (PCA) et les plans de reprise d’activité (PRA), en assurant la disponibilité de données intègres après un sinistre ou une cyberattaque.

 

Par exemple, une banque peut conserver des journaux de transactions sur un support immuable pendant plusieurs années, garantissant leur authenticité en cas d’audit ou de litige.

 

Différences entre une sauvegarde immuable et une sauvegarde traditionnelle

 

Contrairement à une sauvegarde classique, une sauvegarde immuable ne peut pas être altérée, même par erreur humaine ou via une compromission de compte administrateur. Là où une copie traditionnelle peut être chiffrée ou supprimée, une version immuable reste intacte jusqu’à la fin de sa période de rétention.

 

En cas de cyberattaque, cette différence devient décisive : une entreprise équipée de sauvegardes immuables peut restaurer rapidement ses systèmes à partir de copies fiables, sans dépendre d’un déchiffrement ou d’un paiement de rançon, par exemple.

 

Critère Sauvegarde traditionnelle Sauvegarde immuable
Intégrité des données Risque d’altération ou de suppression Verrouillage complet en écriture
Résistance aux ransomwares Vulnérable à la suppression ou au chiffrement Données inaltérables
Coûts de stockage Moins élevés Légèrement supérieurs (verrouillage et réplication)
Souplesse de restauration Restauration libre à tout moment Restauration à la fin de la période de rétention
Cas d’usage typique Sauvegarde courante ou temporaire Archivage sécurisé, PRA/PCA, conformité

 

Comment fonctionne une sauvegarde immuable ?

 

Les mécanismes techniques garantissant l'immutabilité

 

L’immutabilité des sauvegardes repose sur plusieurs couches de protection : un verrouillage matériel ou logiciel, complété par des mécanismes cryptographiques assurant l’intégrité des données.


Le principe est simple : une fois la donnée enregistrée, aucune écriture ou suppression n’est plus possible jusqu’à la fin de la période de rétention définie.

 

Le dispositif le plus courant est le stockage WORM (Write Once, Read Many).
Dans ce modèle, un fichier ne peut être écrit qu’une seule fois, puis uniquement consulté en lecture.

Les systèmes modernes y ajoutent une rétention programmable : ils bloquent toute modification pendant une durée déterminée (par exemple 90 jours pour une sauvegarde opérationnelle, ou plusieurs années pour un archivage réglementaire).

 

Pour garantir que les copies restaurées n’ont subi aucune altération, des signatures cryptographiques et des fonctions de hachage (hash) sont utilisées : elles permettent de vérifier à tout moment que le contenu du fichier est identique à l’original.

 

Parmi les technologies de sauvegarde immuable les plus répandues, on retrouve :

  • les snapshots immuables, qui créent des instantanés verrouillés d’un volume ou d’une machine virtuelle (VM).

  • le stockage objet avec verrouillage, comme Amazon S3 Object Lock ou Azure Immutable Blob Storage, qui empêche toute modification ou suppression d’un fichier.

  • les systèmes hybrides, combinant verrouillage applicatif et contrôle d’accès renforcé pour limiter les manipulations non autorisées.

 

Isolement physique et sauvegarde immuable : deux protections complémentaires

 

L’isolement physique, ou air gap, consiste à déconnecter totalement un support de sauvegarde du réseau

La sauvegarde immuable, quant à elle, repose sur une protection logicielle empêchant la modification, même si le support reste connecté.

Les deux approches ne s’opposent pas : elles se complètent.

Une entreprise peut, par exemple, conserver une copie immuable dans le cloud tout en maintenant une réplication isolée sur un support hors ligne. Ce double niveau de sécurité garantit une restauration fiable, même en cas de compromission simultanée de plusieurs environnements.

 

Les avantages des sauvegardes immuables

 

Une protection contre les ransomwares et les malveillances internes

 

Les sauvegardes immuables constituent une barrière efficace contre les ransomwares.

En bloquant toute modification ou suppression, elles empêchent le chiffrement des copies par un attaquant. Même si les systèmes de production sont compromis, la donnée sauvegardée reste intègre.

Certaines entreprises victimes d’attaques ont pu restaurer leurs environnements en quelques heures sans céder aux demandes de rançon.

L’immutabilité protège également contre les erreurs humaines ou les actes malveillants internes, souvent sous-estimés dans les incidents de cybersécurité.

 

Un atout pour la continuité et la reprise d'activité

 

Une sauvegarde immuable facilite une reprise rapide et fiable après un incident.

En s’appuyant sur des copies inviolables, les entreprises peuvent restaurer leurs systèmes à partir d’une base de données intègre, réduisant les indicateurs RPO (Recovery Point Objective) et RTO (Recovery Time Objective).

Moins de données perdues, un temps de reprise plus court, et une confiance renforcée dans la validité des restaurations : autant d’atouts pour maintenir l’activité sans interruption prolongée.

 

Une conformité réglementaire facilitée

 

Les sauvegardes immuables facilitent la mise en conformité avec les principaux référentiels et textes européens comme ISO 27001, NIS2, DORA ou RGPD, tous fondés sur la protection, la traçabilité et la disponibilité de l’information.

Leur verrouillage en écriture répond directement à ces exigences en garantissant l’intégrité des données, un critère central de l’annexe A.12.3 de la norme ISO 27001, qui impose la préservation contre toute modification non autorisée2.

 

Dans le cadre de NIS2 et DORA, la sauvegarde immuable apporte une réponse concrète aux obligations de résilience opérationnelle et de gestion des incidents : les entreprises peuvent démontrer, lors d’un contrôle ou d’un audit, qu’elles disposent de copies sûres et vérifiables de leurs informations critiques, capables de soutenir la continuité d’activité après un sinistre.

 

Enfin, pour le RGPD, la conservation immuable des journaux et des données sensibles renforce le principe de responsabilité documentaire (accountability). Les organisations peuvent prouver la maîtrise de leurs processus de conservation, la traçabilité des accès et l’intégrité des sauvegardes.
Cette approche consolide la gouvernance de la donnée et renforce la crédibilité de la stratégie cyber de l’entreprise.

 

 

Comment mettre en place des sauvegardes immuables ?

 

Stratégie 3-2-1-1 : la place des sauvegardes immuables

 

La méthode 3-2-1 reste la référence universelle en matière de sauvegarde. Elle est basée sur :

  • 3 copies des données : une principale et deux copies de sauvegarde

  • 2 supports différents : par exemple disque local et stockage cloud

  • 1 copie stockée hors site, pour prévenir la perte totale liée à un incident physique (incendie, panne, sinistre…)

 

Le modèle 3-2-1-1 y ajoute une dimension supplémentaire : 1 copie immuable, c’est-à-dire une version des données verrouillée, impossible à altérer ou à supprimer pendant une durée définie.

 

Cette évolution répond à la montée des ransomwares capables de chiffrer ou de supprimer les sauvegardes connectées au réseau. Même si l’ensemble du SI est compromis, la copie immuable reste accessible et intègre, garantissant une restauration fiable.

Vous l’aurez compris, ce quatrième pilier agit comme une assurance ultime contre les attaques de chiffrement massif. Il s’intègre naturellement aux plans de reprise et de continuité d’activité, en assurant la disponibilité de données validées et exploitables à tout moment.

 

Pour aller plus loin, les entreprises les plus matures sur le plan cyber combinent désormais la méthode 3-2-1-1 avec une stratégie de segmentation réseau et de surveillance des accès, pour limiter les points d’exposition tout en maximisant la résilience.

 

Étapes de déploiement et bonnes pratiques

 

Mettre en place une sauvegarde immuable suppose une stratégie claire et un contrôle rigoureux des accès :

1. Choisir la technologie adaptée

 

Le cloud offre une grande évolutivité et une réplication automatique, idéale pour les organisations multisites ou les environnements distribués.

Les infrastructures on-premises restent privilégiées lorsque la maîtrise totale des données et la conformité réglementaire imposent un hébergement local.

De nombreuses entreprises optent aujourd’hui pour une approche hybride, combinant la flexibilité du cloud et la sécurité du stockage interne, afin de bénéficier du meilleur des deux mondes.

 

2. Définir les politiques de rétention et les privilèges d'accès

 

L’immutabilité ne prend tout son sens que si les politiques de rétention et les droits d’accès sont précisément encadrés.

Les durées de conservation doivent être alignées sur les obligations légales (par exemple, sept ans pour les documents comptables) et sur les besoins opérationnels.

L’application stricte du principe du moindre privilège (PoLP) garantit qu’un nombre très limité d’administrateurs puisse modifier, déverrouiller ou restaurer les copies immuables, réduisant ainsi les risques de suppression accidentelle ou malveillante.

 

3. Adapter la fréquence de sauvegarde

 

Le RPO (perte de données maximale admissible, PDMA3, en français), détermine la fréquence des sauvegardes nécessaires pour limiter la perte de données.

Un environnement transactionnel ou e-commerce exigera des sauvegardes quasi continues, tandis qu’un ERP ou des fichiers bureautiques pourront être copiés de manière quotidienne ou hebdomadaire.

L’enjeu est d’équilibrer la volumétrie de stockage, les coûts et la tolérance à la perte de données pour maintenir une stratégie durable et performante.

4. Tester régulièrement les restaurations

 

Un plan de sauvegarde n’est fiable que s’il est éprouvé.

Les restaurations doivent être vérifiées à intervalles réguliers pour s’assurer de la cohérence, de la lisibilité et de la rapidité des données restaurées.

Simuler différents scénarios (cyberattaque, suppression involontaire, panne matérielle…) permet de mesurer la réactivité réelle du dispositif et de confirmer que les objectifs RTO/RPO sont bien atteints.

 

Ces exercices renforcent la confiance dans la stratégie de sauvegarde et garantissent une reprise d’activité fluide en situation de crise.

 

Comment restaurer une sauvegarde immuable en cas d'incident ?

 

En cas de cyberattaque ou de sinistre, la restauration suit un processus précis.

Les données immuables sont copiées vers un environnement sain, puis vérifiées par hachage cryptographique pour confirmer leur intégrité avant réintégration dans le système d’information.

La restauration sélective (fichiers, bases de données, serveurs) permet de redémarrer plus vite les services critiques sans attendre la remise en ligne complète du SI.

 

Une fois la reprise effectuée, les indicateurs RPO et RTO sont mis à jour pour ajuster la stratégie de sauvegarde.

 

Renforcer vos sauvegardes immuables et la reprise d'activité avec LockFiles

 

Protéger vos données dans un coffre-fort chiffré

 

LockFiles assure la conservation sécurisée des données dans un coffre-fort électronique utilisant le chiffrement de bout en bout, disponible en mode on-premise ou cloud externalisé

Chaque action est tracée : connexion, dépôt, téléchargement, suppression.

La gestion des accès repose sur le principe du moindre privilège, garantissant que seuls les utilisateurs autorisés puissent consulter ou restaurer les fichiers.

Cette approche renforce la protection contre les manipulations internes et offre une visibilité complète sur la chaîne de sauvegarde.

 

Faciliter la continuité et la reprise d'activité

 

En intégrant le coffre-fort de fichiers LockFiles à une stratégie de sauvegarde immuable, les entreprises assurent la disponibilité immédiate de leurs données critiques, même en cas d’attaque paralysant le SI.

Les fichiers restent accessibles via un espace sécurisé et isolé, compatible avec les politiques de reprise d’activité (PRA/PCA).

LockFiles contribue également à la conformité des organisations en apportant des preuves d’intégrité, de traçabilité et de conservation, conformément aux exigences ISO 27001, NIS2 et DORA.

 

 

 

 

 

 

Sources : 

1. https://www.sekoia.io/fr/homepage/